En 2019, Sophie, 42 ans, s’engage au sein de « Duos de demain », le programme de parrainage de France terre d’asile permettant à des personnes réfugiées et des personnes installées en France de se rencontrer dans l’objectif de promouvoir l’entraide, les échanges culturels et de favoriser l’intégration. C’est à travers ce projet qu’elle rencontre Souse, sa femme Bountou et leurs deux enfants et que commence une amitié qui perdure encore aujourd’hui.
« Sophie, c’est la famille »
Sophie se rend aujourd’hui dès qu’elle peut chez Souse et Bountou où elle est accueillie comme un membre de la famille. Une chose est sûre quand elle parle de la famille : « C’est une famille hyper chaleureuse, ils ont un sens de l’hospitalité incroyable ». Elle explique qu’elle essaye d’arriver toujours en dehors des heures de repas pour ne pas leur rajouter de travail mais que Bountou et Souse s’arrangent toujours pour la convaincre de manger quelque chose. Bountou lui a d’ailleurs appris à préparer du pain traditionnel éthiopien. Souse explique : « Sophie, c’est la famille ». Ces moments conviviaux de partage, dans la vie de personnes exilées souvent isolées, peuvent être très importants : ils permettent petit à petit de reconstruire une vie sociale et une nouvelle normalité.
Une intégration facilitée
Ces rencontres sont aussi l’occasion de faciliter l’intégration de la famille en France.
En effet, depuis l’obtention de son statut de réfugié, la priorité de Souse a été de trouver un emploi et Sophie lui prête main forte dans ses démarches : elle l’a aidé à écrire son CV, à naviguer dans les démarches administratives et le conseille autant qu’elle peut. Elle dit également découvrir « un autre monde » et évoque les nombreux obstacles auxquels doivent faire face les personnes réfugiées pour s’intégrer et accéder au monde du travail. Elle admire la persévérance de Souse qui ne se décourage pas malgré ces défis.
Par ailleurs, Sophie a pu aider la fille aînée de Souse et Bountou, âgée de 6 ans. lorsqu’elle a commencé sa scolarisation. En effet, ses parents ne parlant pas encore français avaient du mal à l’accompagner dans sa scolarité. C’est pendant les vacances scolaires qu’elle a pu accueillir leur fille aînée chez elle pour une remise à niveau et pour l’aider à appréhender un peu mieux sa scolarité. Depuis, son niveau a progressé, et tant elle comme ses frères et sœurs qui sont scolarisés parlent déjà bien français.
« Influencer un peu et impacter positivement la vie des autres personnes ».
Sophie a grandi en Allemagne, un pays qui n’était pas son pays d’origine. Son père, originaire d’ex-Yougoslavie, avait pu partir avant que la guerre n’éclate. Pour autant, Sophie a grandi avec cette conscience que partout dans le monde, des atrocités forcent les personnes à quitter leur pays et à tout laisser derrière elles, devant reconstruire leurs vies autre part. Ainsi, elle choisit de rejoindre « Duos de demain », animée par une envie d’accompagner les autres comme elle aurait voulu l’être. Pour elle, Duos de demain « c’est aussi l’expression de notre humanité » et une opportunité de « peut-être pas changer le monde, mais d’influencer un petit peu et d’impacter positivement la vie des autres personnes ». Et ça, avec un peu de temps et d’écoute.
De manière générale, elle considère que les citoyens et citoyennes ont un rôle clé à jouer dans la création du lien social, que nous pouvons tous et toutes « véhiculer un message positif de solidarité, d’accueil, d’humanité », et que nous devons montrer aux personnes exilées « que l’on attend pas qu’elles partent ». Pour ce faire, elle souligne le rôle clé des associations qui permettent une mise en relation et un accompagnement pour tisser ces liens.